Note d'Intention

Quels parti pris pour jouer notre chaperon rouge ?
Dans cette version du Petit Chaperon rouge, j’ai choisi de changer une seule donnée de l’histoire : la grand-mère est le petit chaperon rouge qui a grandi. Nous voici embarqués dans une drôle de mise en abîme. La Grand-mère remonte le temps pour revivre sa tragique histoire et sauver l’enfant qu’elle était. Une sorte d’enfant intérieur. L’utilisation de la marionnette était alors primordiale pour faire surgir les personnages de nous-même. Le double point de vue, celui de l’enfant qui vit l’histoire au premier degré et celui de l’adulte qui revit la même histoire longtemps après, est en adéquation avec notre public d’enfants et d’adultes réunis. Ils partagent le même spectacle mais le reçoivent à différents niveaux de lecture.
Avec la marionnette de la grand-mère, nous devenons alors un trio, à l’image de ce conte construit sur le chiffre trois. La grand-mère qui raconte endosse les trois rôles principaux du conte : le loup, la grand-mère et le chaperon rouge. Trois couleurs : noir, blanc, rouge. Trois tempérament qui forment un tout : mâle et sauvage comme un loup, sage et rassurant comme une grand-mère, candide et pure comme une enfant.
La marionnette de la grand-mère, qui est elle même un personnage, distribue les rôles. Elle se sert alors de nous, ses petits enfants, pour interpréter les deux autres entités. Nous formons alors un tout, une famille. Nous jouons à être les trois personnages à la fois, des êtres contradictoires et joueurs, des ni-méchant, ni-gentil, des partenaires de jeu qui inversent les rôles, des frères et sœur qui se disputent la place et se réconcilient en écrivant une chanson sur un air d’accordéon.

Marjolaine Juste,
Printemps 2012.